Le triangle arrosé !

Une promenade aquatique, historique et culturelle du grand Comté.

Je vous propose une balade dans le jardin de mon enfance.

Nous sommes dans les années 1960, ma vie se déroule entre la pointe Madame, la rivière de la ramée et les bois de calée. Je baptise cet espace « le triangle arrosé »Dans ces temps-là ce triangle débordait d’activités et connaissait une prospérité économique, sociale culturelle.

Mon jeune âge m’avait permis de comprendre que l’usine de comté concentrait à elle seule l’essentiel des activités du triangle et au-delà avec ces ballets incessants de camions de chariots, de charrettes débordant de cannes et ces turbines qui ne cessaient jamais de tourner.

De cette période ma mémoire a sélectionné d’autres éléments, une autre richesse : l’EAUCet élément qui m’est vite devenu familier et m’est apparu comme essentiel dans l’équilibre de la population et dans le maintien de cette activité économique.

La rivière Madame, le rituel du lavage

Chaque semaine, particulièrement le jeudi les familles se rendaient à la rivière pour laver le linge.
Les enfants étaient aussi de la partie pour transporter, aider et apprendre. On utilisait les feuilles de « Bélanjè bata ».  Il fallait battre le linge, le rouler sur la roche afin d’enlever toute la grosse saleté, le laver, le tchipper, mettre du bleu pour le blanchir, de l’amidon etc…. Et tout ceci dans la bonne ambiance et la bonne humeur. La rivière était aussi le lieu de rencontre des petites amourettes, « des basses ».

En aval, l’étang de Madame lieu de rencontre et de loisirs, notre piscine mais aussi un vivier riche en crabes et en poisson… Où dormait en permanence le « Manmandlo »

Le canal de Mambia 

Le canal de mambia , assure l’évacuation du trop-plein du canal du comté, très fréquenté par les pêcheurs de wassous qui colonisaient tous les filets d’eau avec leurs nasses en bambou tressé.

Le canal de Comté

Le canal du comté de Lohéac, construit il y a 300 ans par les esclaves, constitue un témoignage historique unique de la traite négrière. Construit pour alimenter l’usine en eau, elle alimente tous les foyers en contrebas. L’avenir de ce témoin vivant est menacé par un arrêté de destruction.

La rivière de la Ramée

La rivière de la Ramée, dont la richesse préhistorique a été récemment mis en relief par la présence de blocs gravés et de polissoirs, reste un lieu de villégiature privilégié par le camping familial durant les fêtes de Pâques.

Le triangle arrosé

En entrant dans l’intérieur, on va traverser une multitude de filets d’eau, qui témoignent de la richesse aquatique de ce triangle ; La ravine Calée, La rivière Gonon. Ces sites ont permis aux « petits planteurs » de bénéficier de réserves d’eau à proximité de leurs champs de cannes et
d’ignames et de pouvoir y élever des bœufs pour compléter leur revenu.

Voilà donc mon triangle arrosé de toute part qui ne coule plus comme avant et qui risque de ne plus couler dans quelques années, et provoquer la disparition de ce triangle qui par définition assure l’équilibre de notre monde en son centre de GRAVITÉ.

coraline
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Un commentaire

  1. Je confirme,ce récit est d’une grande authenticité,c’est un véritable tableau qui illustre fidèlement ce morceau de cette belle terre de Sainte rose ancrée dans son histoire et dans son EAU

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